Bolo Pacha, une étrange vie

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Bolo Pacha est un aventurier dentiste, importateur, représentant en vins, condamné pour escroquerie. Durant le premier conflit mondial, il convainc l'Allemagne de corrompre la presse française pour y publier des articles pacifistes destinés à atteindre le moral des Français. Arrêté en septembre 1917, Bolo-Pacha est jugé en février 1918 et condamné à mort.

Paul Marie Bolo, plus connu sous le nom de Bolo Pacha, né le 24 septembre 1867 à Marseille, est un aventurier au long cours qui a écumé le monde entier en se faisant épouser de dames très fortunées. Il est arrêté, condamné à mort, exécuté le 17 avril 1918, pour intelligence avec l’ennemi.

Parcours
Petit-fils d’un notaire des Bouches-du-Rhône, fils d’un clerc de notaire provençal, il étudie pour devenir dentiste et ouvre un cabinet à Marseille. Peu après, il abandonne sa profession pour se tourner vers le commerce maritime et colonial. À la fin des années 1880, il quitte la France, et s’installe en Espagne. En 1892 de retour en France, il s’installe à Paris pour ouvrir un cabinet d’affaires mais bientôt un mandat d’arrêt est émis contre lui et il s’enfuit. On le retrouve en Argentine, sous le nom de Bolo de Grangeneuve et il se marie à la chanteuse Henriette de Soumaille, laquelle l’entretient. Suite à un vol de bijoux commis à Valparaiso, il est arrêté mais sa femme verse la caution. Libéré, Bolo l’abandonne et rentre en France en 1904, s’installe à Paris et épouse une certaine Mme Muller née Pauline Moiriat, ex-chanteuse de music-hall, veuve d’un riche négociant en vins de bordeaux, Fernand Muller.

Ignorant sa bigamie, elle lui signe une procuration sur sa fortune : Paul Bolo est désormais riche. Durant dix ans, il se lance alors dans de nombreuses entreprises commerciales, bancaires, philantropiques. En 1914, il devient le conseiller financier d’Abbas II Hilmi, khédive d’Égypte et reçoit le titre de pacha. Le 18 décembre 1914, le khédive, partisan de l’Allemagne, est déposé par les autorités anglaises et doit s’enfuir en Suisse. Bolo demeure son conseiller en exil et entre en contact avec des banques allemandes et étrangères dans le but de contrôler des quotidiens français et d’en faire des organes d’influence pro-pacifistes.

La fin
En janvier 1917, Aristide Briand et Clemenceau ordonnent une enquête. Les services secrets français, durant l’année 1917, établissent un lien direct entre Bolo et une banque américaine sise à New York : divers comptes en France au nom de Bolo ont été crédités d’un total de 11 millions de marks émis par la Deutsche Bank via la banque américaine. Bolo est arrêté à Fresnes en septembre 1917. En février 1918, il est déféré devant le Conseil de guerre de Paris. Durant le procès, Bolo nie les faits, mais il est condamné à mort le 14 février, le président Raymond Poincaré refuse de signer sa grâce. Il est exécuté le 17 avril 1918 au fort de Vincennes.